vendredi 25 juillet 2008

Magie et Religion dans l'Afrique du Nord par Edmond Doutté


LA SOCIÉTÉ MUSULMANE DU MAGHRIB

MAGIE ET RELIGION
DANS
L’AFRIQUE DU NORD

PAR
EDMOND DOUTTÉ
PROFESSEUR À L’ÉCOLE SUPÉRIEURE DES LETTRES D’ALGER
ALGER
TYPOGRAPHIE ADOLPHE JOURDAN
IMPRIMEUR-LIBRAIRE-ÉDITEUR
9, Place de la Régence, 9
1909
À MONSIEUR RENÉ BASSET,
DIRECTEUR DE L’ÉCOLE SUPÉRIEURE DES LETTRES D’ALGER
Hommage de reconnaissance.
EDMOND DOUTTÉ.
SYSTÈME DE TRANSCRIPTION
DES NOMS ARABES EN FRANÇAIS
PRÉFACE

Ce livre est né d’un cours; il en a sans doute les défauts, c’est-à-dire un caractère hâtif, causé par la nécessité d’avoir, à heure fixe, une opinion ferme sur un sujet donné; nous voudrions qu’il eût aussi les qualités qu’on attend d’un enseignement public, c’est-à-dire la clarté et la précision.
L’idée générale de cet enseignement était l’application aux phénomènes religieux observés dans l’Afrique du Nord des théories élaborées depuis un demi-siècle par les ethnographes et spécialement par l’école anthropologique anglais et par l’école sociologique française. Ces théories nous ont au moins fourni un groupement nouveau des faits; peut-être jugera-t-on que nous avons parfois un peu artificiellement placé ceux-ci dans les cadres de la sociologie moderne; ou encore que beaucoup des applications proposées sont en somme fragiles. Nous accepterons ces reproches, en nous excusant sur l’utilité incontestable d’une
systématisation provisoire; d’autre part, s’il n’est pas douteux que beaucoup des théories actuelles devront être vérifiées à bref délai, nous pensons qu’elles seront remplacées par d’autres procédant des mêmes principes, inspirées du même esprit et obtenues par les mêmes méthodes. Nous nous sommes cependant gardé, autant que nous avons pu, des exagérations, et nous nous sommes abstenu de faire état des théories qui, comme celle du totémisme, sont depuis quelques années en remaniement constant : ajoutons, en ce qui concerne ce cas spécial, que les explications totémistiques ne s’appliquent qu’à des civilisations beaucoup moins évoluées que celle que nous étudions.
On a surtout tenté, jusqu’ici, dans les études de ce genre faites sur la religion musulmane, de mettre en lumière les emprunts faits par une civilisation à une autre ; sans méconnaître l’intérêt de ces recherches, nous nous sommes placés à un point de vue différent. Nous avons cherché avant tout à présenter la raison sociologique et psychologique des institutions et leur évolution séculaire, quelles que soient d’ailleurs les régions où elles ont pu prendre naissance et étant admis que, sauf exceptions spéciales, des phénomènes analogues se sont formés parallèlement de la même manière en divers pays ; nous ne nions d’ailleurs pas l’existence des emprunts, puisque l’orthodoxie musulmane de l’Afrique du Nord est elle-même un emprunt à l’Orient ; quoi qu’il, en soit ces institutions empruntées ont ensuite végété par leurs propres moyens et en tirant leur sève du nouveau sol où elles étaient transplantées. Dans ces conditions on ne s’étonnera pas de nous voir citer pêle-mêle l’orthodoxie musulmane et le folklore africain.
La civilisation que nous avons étudiée est la civilisation actuelle du Nord de l’Afrique et nous avons laissé de côté, provisoirement, l’étude du mouvement libéral et même nationaliste qui se dessine en Orient et que le Maghrib commence à connaître : ce mouvement nous présage pour demain un Islâm bien différent ; mais cet Islâm à justement pour caractère, en dépit du drapeau qu’arbore ses partisans, d’être de moins en moins musulman et on ne doit pas s’en étonner ; nous avons indiqué dans notre introduction que cette laïcisation est une forme habituelle de l’évolution des sociétés.
Ce livre ne peut assurément pas être présenté comme un ouvrage de vulgarisation ; pourtant, dans notre pensée, il est destiné non seulement aux étudiants, mais aussi au public instruit. Afin de lui garder ce caractère, nous n’avons pas reculé devant les explications d’ordre général et, à propos des questions strictement musulmanes et africaines, nous avons tenu à indiquer les grandes lignes des problèmes scientifiques auxquels elles se rattachent. Pour cette partie de notre livre, nous avons eu soin de renvoyer, non aux sources, ce qui eût été déplacé, mais aux ouvrages classiques sur la matière.
Pour les questions musulmanes, au contraire, nous avons cité des sources ; mais devant leur abondance et l’étendue des dépouillements à effectuer, nous nous sommes provisoirement bornés ; en ce qui concerne l’orthodoxie musulmane, nous avons cité le Coran et, pour la tradition, le recueil de Boukhâri ; presque exclusivement connu dans l’Afrique du Nord, avec son commentateur le plus connu, Qast’allani ; pour le droit, nous n’avons guère envisagé que l’école mâlikite, la seule qui soit suivie dans nos pays et nous nous sommes référés surtout au précis de Kalil, avec ses commentateurs habituels ; On sait que Khalil est la grande autorité juridique du Nord de l’Afrique ; nous avons toujours cité les traductions, ainsi que les ouvrages importants de deuxième main. En ce qui concerne le folklore, nous avons fait état de nos observations personnelles et de la littérature scientifique actuelle du Maghrib ; nous espérons même que nos notes présenteront un tableau assez complet de cette littérature et ce pourra être notre excuse de les avoir….. multipliées : nous avons eu le souci de donner au lecteur une bibliographie spéciale à notre sujet et les indications les plus indispensables de sociologie général. Pourtant nous avons soigneusement éliminé les références inutiles : par exemple, lorsque la bibliographie d’un sujet a déjà été donnée dans un autre livre nous nous contentons d’y renvoyer. D’autre part lorsque nous avons eu connaissance d’un ouvrage important et que nous n’avons pu le consulter, nous l’avons toujours indiqué.
Le sujet du présent livre est la formation de l’idée du magique et du sacré : nous nous arrêtons au moment où les forces magico-sacrées vont se personnifier et être conçues comme des volontés et nous remettrons à un travail ultérieur, d’ailleurs en préparation, l’étude des personnifications sacrées. Plus tard pourrait venir l’étude des représentations abstraites, puis celle de la société religieuse considérée du point de vue de son organisation.
Nous avons rejeté du cadre de ce volume quelques sujets qu’on pouvait s’attendre d’y voir traités. L’étude de la tradition magique, de l’alchimie, de l’astrologie, nous a paru appartenir davantage à une histoire des sciences musulmanes, qu’à une histoire de la religion du Nord de l’Afrique ; celle de la prière et de ses origines devrait se traiter ici : une mise au point insuffisante nous a contraint à la renvoyer à un peu plus tard et elle nous a semblé pouvoir être rattachée avec avantage à celle de la personne divine.

Paris, août 1908.

EDMOND DOUTTÉ.

LA SOCIETÉ MUSULMANE DU MAGHRIB

INTRODUCTION(1)

C’est une chose malaisée à définir que ce que nous appelons une « civilisation » : obligée de préciser l’objet de notre étude, nous dirons, sans nous dissimuler que cette définition est tout extérieure et approximative, qu’une civilisation est l’ensemble des techniques, des institutions et des croyances communes à un groupe d’hommes pendant un certain temps(2). Ainsi il y a une civilisation française, une civilisation germanique : il y a aussi une civilisation européenne qui englobe les précédentes, avec beaucoup d’autres. Il y a une civilisation hindoue, une civilisation chinoise, mais on ne peut parler d’une civilisation asiatique. Une civilisation a des caractères spécifiques, elle se laisse situer dans l’espace et dans la temps : elle naît, vit, s’accroît, dépérit et meurt. C’est en réalité une chose ; et même si l’on n’admet pas ce point de vue qui est celui de l’école de Durkheim(3), à tout le moins conviendra-t-on qu’il constitue un biais presque indispensable pour l’étude de la civilisation(4).
Il résulte de cela que les institutions religieuses, au moins dans nos sociétés modernes, ne sont dans une civilisation qu’un des éléments de celle-ci, au même titre que, par exemple, les institutions juridiques, la morale, la science, l’industrie, l’agriculture ou l’art. Et dès lors l’expression de « civilisation musulmane » semble ne plus être adéquate à ce qu’elle désigne. Elle est cependant fondée, car c’est un des traits particuliers de l’Islam qu’il imprègne profondément de son caractère religieux toutes les manifestations sociales de ses sectateurs. Cette proposition appelle quelque développement.
Ce qui caractérise les phénomènes religieux, c’est leur force obligatoire ; croyances et pratiques s’imposent en même temps aux fidèles, et cette obligation est sanctionnée par les puissances religieuses, par l’opinion publique, par l’État(5). Or, dans les sociétés primitives, l’individu est encore si peu différencié de la collectivité qu’il est incapable de penser et d’agir autrement que ses semblables : d’où il suit que tous les phénomènes sociaux y ont le même caractère contraignant, c’est-à-dire religieux ; la religion y est tout, à moins qu’on ne préfère dire qu’elle n’y est rien, si on veut la considérer comme une fonction spéciale. Pour un sauvage, la chasse, la pêche, l’alimentation, les relations journalières, la guerre, la danse, etc. …, tout cela a un caractère rituel, obligatoire, immuable, sacré en un mot, et correspond à des représentations intellectuelles également invariables : toute la vie pour lui est religieuse. Peu à peu cependant certaines croyances cessent d’être obligatoires, mais les pratiques qui leur correspondent continuent à l’être, sanctionnées par le pouvoir de l’Etat (droit), par l’opinion publique (morale) ; quelquefois c’est la croyance qui reste obligatoire et la pratique interdite (sorcellerie)(1) ; plus souvent croyance et pratique sont libres (sciences, art, techniques). En face de ces différentes catégories de faits sociaux, la religion se caractérise par le caractère doublement Impératif de la doctrine et du culte, mais son domaine se restreint de jour en jour.
A cet égard, et bien que, dans son ensemble, on ne puisse taxer d’inférieure la civilisation musulmane, le monde de l’Islam se rapproche des sociétés peu différenciées. Non seulement les peuples qui sont aujourd’hui musulmans, et qui ont naturellement passé par la même phase de confusion des institutions que tous les autres peuples civilisés, ont retenu plus complètement qu’eux ce caractère primitif de la religiosité des institutions, mais l’islamisme l’a encore renforcé : aucune des grandes religions peut-être n’étreint les sociétés d’une emprise aussi large, aucune n’envahit aussi complètement la vie privée et la vie publique.
Le musulman strict est astreint à des obligations multiples : non seulement, les prières rituelles se renouvellent tout le long de la journée, mais ses paroles, ses gestes, ses pas sont soumis à une multitude de règles ; les préceptes du savoir-vivre ont presque tous la valeur de prescriptions canoniques et sont suffisamment Européen déguisé parmi les musulmans de ne pas trahir rapidement son incognito : de là les nombreux insuccès des voyageurs qui ont essayé de se faire passer pour des musulmans au cours de leurs explorations.
Le droit est entièrement religieux ; la prière, les successions, les soins de la toilette y sont réglementés au même titre et sur l’autorité des mêmes sources de la loi divine. La morale est souvent confondue avec le droit; le fiqh (droit) en effet règle toutes les actions et les classe en obligatoires (ouâdjib), recommandées (mandoûb), permises (moubâh’), déconseillées (makroûh) et défendues(h’arâm) ; la raison humaine est incapable par elle-même de discerner le bien du mal, disent les docteurs musulmans(1) ; tout est réglé, les actions par le fiqh, les croyances par la science des aqâ’ïd ; la réunion de cas deux sciences est la « loi » ou charî’a. Il y a six mois, au Congrès International des Orientalistes d’Alger qui s’est tenu ici, Cheikh Mohammed Soultân, représentant officiel du gouvernement égyptien, lisait, à cette place même où je parle, un mémoire dont le sujet principal était: « La chari’a est applicable à tous les temps ».
Que peut-être la science musulmane dans de telles conditions? A vrai dire, l’islamisme lui et plus favorable encore que ne le fut le catholicisme du Moyen Age; la simplicité du dogme, la nudité de la légende, l’absence presque complète du mythe, sont de nature à laisser à la raison de suffisants horizons pour spéculer. Cependant cette science est restée médiocre ; empruntée aux Grecs, sans originalité, elle n’a point su se retremper aux sources vivifiantes de l’observation et de l’expérience ; et quant à la philosophie scientifique, on sait que l’essai de rationalisme des mo’tazilites fut étouffé par la force. De nos jours seulement la science européenne commence à pénétrer le monde des musulmans, mais elle se heurte souvent au cadre rigide du dogme ou aux prescriptions du rituel. En fait, les musulmans l’ont généralement considérée, jusqu’à ces derniers temps, comme une sorte d’ancilla theologioe ; on n’en prisait que les applications au culte : l’astronomie pour la détermination des dates religieuses et des heures des prières, l’arithmétique pour le calcul des, successions suivant les règles canoniques, etc. …
Quant à la langue arabe, je parle de l’arabe littéral, arabe coranique, elle est « la Langue » par excellence, el lougha, auprès de laquelle les autres ne sont que des Jargons, même l’arabe vulgaire. Le Coran ayant été révélé par Dieu et étant incréé, la langue littérale a un caractère divin et est immuable. M. K. Vollers ayant voulu, au Congrès des Orientalistes dont nous parlions à l’instant, appliquer à la langue du livre divin les procédés modernes de la philologie et ramener l’arabe coranique à la langue vulgaire antéislamique, déchaîna des tempêtes parmi les musulmans présents. Puisque l’arabe littéral est immuable, il doit se suffire sans avoir jamais à emprunter de vocables étrangers; aussi vit-on, au même Congrès, Cheïkh Mohammed Asal, délégué de l’Égypte, préconiser l’institution d’une commission officielle pour traduire les mots étrangers (principalement scientifiques) en arabe, avec les seules ressources de cette langue et obliger à les employer les professeurs, les fonctionnaires et les journaux, afin de les imposer finalement au peuple.
La poésie a le plus souvent été vue d’un oeil pou
favorable par l’orthodoxie musulmane, sauf quand elle
se consacre aux sujets pieux; l’étude de la poésie arabe
classique, sans avoir été positivement proscrite, est
chez les musulmans reléguée au second plan : elle n’a
point place, par exemple, dans l’enseignement d’El Qarouiyyin, à Fez. Le Coran n’est-il pas le prototype éternel de la beauté littéraire ? Mahomet s’est défendu d’être au nombre des poètes et s’est exprimé plusieurs fois en termes peu aimables pour ceux-ci(1). Toutefois la poésie religieuse (madîh’), c’est-à-dire les panégyriques du Prophète et des saints, est restée florissante : la Borda et la Hamziya du cheïkh El Boûcîrî avec les innombrables amplifications qui en ont été faites tethlîth, terbî’, tekhmîs, etc. ...) sont restées les modèles de ce genre aussi monotone qu’abondant.
Les beaux-arts dans l’lslâm sont également sous la dépendance de la religion ; les images étant proscrites, la peinture et la sculpture n’existent pas ou n’existent qu’à l’état d’exceptions négligeables ; le dessin géométrique seul a pu se développer et a fourni du reste une brillante carrière : de la mosquée de Cordoue à l’Alhambra de Grenade, de la Koutoubiyya à Sidi Boû Médine, l’entrelacs géométrique a été l’unique ressource de la décoration ; quand il emprunte à l’antiquité des modèles tirés de la nature c’est pour en faire des motifs purement ornementaux et géométriques. Pour la même raison, l’artiste rejette les modelés profonds et leur préfère une ornementation toute de découpage et dépourvue de relief(1).
Enfin l’organisation de la société elle-même est toute religieuse ; le souverain n’est que le vicaire (khalîfa) de Mahomet, c’est l’imâm par excellence. Renan a dit que l’islamisme ne peut exister que comme religion officielle, ce qui est peut-être un peu osé. Mais si l’on considère comme nous l’avons fait, que le caractère de la religion est d’être impérative et que d’autre part elle envahit toute la vie du musulman, on verra clairement qu’il s’ensuit que dans une telle société, il ne peut y avoir qu’une religion d’État(2). D’autre part les prescriptions canoniques s’étendant à toutes les actions et l’homme étant incapable de bien se conduire par sa seule raison, l’État se trouve amené à intervenir jusque dans la vie privée pour donner à la loi sa sanction. C’est là la raison de la fonction du moh’tasib, dont nous aurons l’occasion de retracer la curieuse histoire, et dont le rôle est « d’ordonner le bien et de défendre le mal » (‘amara bi lma’roûfi oua nahâ ‘ani lmounkari)(1). Même dans les contrées éloignées des villes et où le pur droit public musulman ne fut jamais appliqué, l’ordre social a pris une couleur toute religieuse. Ainsi chez nos populations nord-africaines, les tribus se sont toutes rattachées à quelque saint musulman, pour le nom duquel elles ont abandonné le leur ; elles sont devenues les fils de Sîdi Un Tel. Par ailleurs le maraboutisme a envahi presque toute la vie agricole : les marchés sont en relation étroite avec les réunions religieuses (moûsem), l’école est tenue par de saints personnages, toute la vie du village est suspendue aux gestes et aux paroles d’un marabout ; « L’horrible abaissement de la moralité et de l’intelligence dans les pays musulmans, surtout à partir de la seconde moitié du moyen âge, dit il, m’a toujours dégoûté, et j’admire la conscience des philologues qui consacrant à ce monde dégradé les mêmes soins qu’aux nobles restes du génie de la Grèce, de l’Inde antique, de la Judée. Mais les plus tristes pages de l’histoire demandent aussi des interprètes, et dons le travail scientifique il faut savoir gré à ceux qui prennent pour eux la plus mauvaise part » (Quest. contemp.,1888, p. 177-8). Et plus loin : « Le XIXe siècle ne verra pas, comme on l’a dit souvent, la fin de la religion de Jésus ; il verra la fin de la religion de Mahomet, la fin de la religion temporelle, inséparable de la politique, et le plein épanouissement de la religion de Jésus, de la religion de l’esprit » (id., p. 287).
Les confréries religieuses enfin, pénétrant jusque dans les douars les plus reculés, ont assuré à l’Islâm entier une force et une cohésion que les institutions politiques n’eussent pas suffi à lui donner. Aussi, il n’y a pas dans l’Islâm, au point de vue juridique, de nationalités: on est musulman avant d’être de tel ou tel pays. Comme notre droit procède d’une conception toute différente, lorsque nous avons voulu appliquer aux musulmans les chapitres de notre code civil relatifs à la nationalité, il s’en est suivi les complications les plus singulières(1). Le patriotisme des musulmans au lieu de se rapporter à leur pays se rapporte à leur confession tandis qu’on a pu rêver d’un pangermanisme, d’un panslavisme, d’un panaméricanisme, il n’y e pas de « panarabisme » ou de « panturquisme »(2), mais les exaltés ont imaginé un « panislamisme ».
Ainsi l’expression de « civilisation musulmane » est justifiée parce que dans cette civilisation la religion est prépondérante : elle envahit la vie publique et la vie privée. C’est pourquoi l’histoire des musulmans est avant tout une histoire religieuse : les guerres, même quand elles ne sont pas dirigées contre les infidèles, y sont presque toujours justifiées comme des guerres saintes ; le mahdisme, l’apparition du « Maître de l’heure » est dans... (la suite prochainement).

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